(éditorial de cerises du 3 avril 2015)
Quand on s'intéresse avec un peu d'espoir et d'enthousiasme aux expériences des gauches sud-américaines, à Syriza en Grèce, on constate que le mouvement ne vient pas de la création d'un nouveau "parti" ou d'une "coalition élargie", mais bien de l'inverse. C'est le mouvement qui, à un moment, invente sa structure.
J'ai eu la chance de vivre le scrutin départemental dans un petit pays (Veynes, 05) où, pas à pas, les mailles de la solidarité, de l'action et de l'alternative se retissent. Notre candidature tirait sa force en partie d'une union d'organisations (FdG/EELV), mais surtout d'une légitimité locale du groupe de citoyens (avec ou sans carte) qui portaient cette campagne. Nous sentons à chaque scrutin, de manière assez subjective, que nous sommes au cœur d'une démarche neuve qui prend corps avec nous et qui nous dépasse. Dans nos 21,5 %, il y a un peu de connivence de "classe", une bonne dose de "reconnaissance" de nos multiples engagements de terrain mais aussi un métissage "culturel" autour de la cohérence d'une idée.
La gauche a énormément souffert de sa professionnalisation et des murs qui semblent infranchissables entre le social, le syndical et le politique. Et si elle n'est pas patiemment démontée, la représentation médiatique de ce constat est un facteur aggravant sur le terrain. Pour changer la vision du réel, contre le storytelling des pouvoirs en place, il faut d'abord agir sur le réel, s'y ancrer. Nous sommes arrivés au bout d'un processus qui multiplie les incantations pour transformer le réel. Les abstentionnistes nous disent à leur façon que la comédie a assez duré. Ce sont les luttes, les résistances, les alternatives écologiques, sociales et artistiques qui font mouvement pour transformer la réalité. Ce mouvement peut être candidat à des élections (et si possible les gagner) mais celles-ci doivent rester une part d'une démarche globale. Nous sommes au début, mais nous sommes nombreux à oeuvrer.
À entendre les discours de dirigeants du Front de Gauche, on se demande parfois où réside leur rapport au réel. Entre les 2 tours, le PCF mène campagne pour battre la droite en votant PS presque comme si de rien n'était. Le soir du 2e tour, Jean-Luc Mélenchon lance un appel solennel (et légitime) à "une nouvelle alliance populaire", transformant même, 2 jours après sur RTL, cette proposition en « condition pour qu'(il) continue le combat ». Outre la personnalisation du propos, il ne fait quasiment aucune référence aux rassemblements déjà à l'oeuvre sur les territoires.
Expérimentons localement des convergences militantes, citoyennes pour faire émerger un mouvement global. Rendez-vous le 11 avril avec les Chantiers d'espoir ?
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