dimanche 22 décembre 2013

Syrie !


Chut...
Chut...
écoute... écoute le silence.

Chut...
Chut...
écoute... écoute le silence.

C'est un drôle de bruit le silence. Un bruit sourd. Un bruit aveugle.
Le silence d'ici crée un vacarme là-bas.
Nos silences pantouflards deviennent des bruits de bottes...
ou l'inverse
Nos actualités bruyantes, continues et vides font le silence sur leurs vies

Chut...
Chut...
écoute...écoute le silence.
Pour le briser, ici, on marche sur la neige...
il y aura des rires le 25 décembre
on ouvrira une ou 2 bouteilles le 1er Janvier
ça fera pschittt

ça fera pschittt...

Si un cousin lance le débat
On dira "Oh tout ça...c'est compliqué..."
Iran, Irak, Palestine
"Tout ça ...c'est vieux comme le monde"
Egypte, quatar, Lybie
On dira "c'est le pouvoir, tout ça c'est l'Homme !"
Chiite, sunnite, salafiste
"C'est comme ça depuis la nuit des temps !"

Une tante dira "on va tout de même pas parler politique aujourd'hui?"

Et on laissera le silence s'installer, dans le vacarme de nos vies.

Allez Syrie, oui c'est ça Syrie...
Tu entends ce bruit étrange, quand tu Syrie !
C'est l'antidote premier, le seul vrai point commun.
Il y a comme un bruit intérieur quand on Syrie.
Tu peux passer des frontières, changer de langue,
C'est la même respiration, c'est le premier pas vers la Paix.
Quand tu Syrie, ça ouvre ton âme et du même coup ton cerveau
Et tu dis...c'est compliqué...et Alors ?

Toi et ton voisin c'est simple ?
D'une vallée à l'autre, depuis toujours, c'est simple ?
Allemand, Français, c'est pas un peu compliqué ?
En Afrique du Sud, l'Apartheid,
En Amérique, l'esclavage...

Ils se sont tous Syrie, il a bien fallu faire la Paix...
Car pour avancer, l'homme choisi toujours la vie face à la mort,
L'écoute face à la bêtise,
L'échange face aux murs identitaires.

C'est compliqué mais c'est comme ça depuis la nuit des temps.

L'homme Syrie à l'Homme, il finit par faire la Paix.
Pas une paix tomber du ciel, pas une paix de l'oubli.
Non, il lutte, fait du bruit, ouvre son cerveau, casse le silence ronronnant des repas de familles.
Il parle, c'est compliqué, il lutte, prend les armes de l'intelligence, de la justice et du dialogue !

Chut...
Chut...
écoute...c'est le silence !
Là-bas pour le briser, peurs contre pleurs,
Bombes, balles, salves de Kalachnikovs,
Gazs, incendies...
Peurs contre pleurs, le silence brisés par les coups de bâtons,
Par les cris,  briser par les corps violés, silence écrasé par la mort qui hurle à Dieu des questions sans réponses...


Chut...
Chut...
écoute... écoute le silence.

Tu vois ça c'est notre silence. A nous de savoir comment le briser pour que là-bas
Ils puissent se reposer, sous le calme d'un soleil d'hiver.

Allez Syrie...Oui c'est ça Syrie....tu vois il y a comme un bruit intérieur...
Quand tu Syrie, tu sens en toi qu'il n'y a qu'un monde...
D'abord on Syrie et ensuite on se parle, on avoue que c'est compliqué.
Mais comme il n'y a qu'un monde...il va bien falloir vivre avec nos voisins,
Les comprendre...Alors le silence recule un peu, laisse place, aux mots, aux combats de paix
Laisse place aux musiques métissés, aux danses, dabkés endiablés...
Quand tu Syrie au monde...tu changes...tout change...

Chut...
Chut...
écoute....c'est le bruit d'un Syrire !

(texte écrit et lu, au nom du Pas de l'oiseau dans le cadre de la soirée du Mouvement de la Paix en faveur des enfants Syriens, à Veynes, le 21 décembre 2013)

lundi 16 décembre 2013

Entretien à fréquence Mistral (liban, coopérative...)


J'ai rencontré la radio fréquence mistral et j'ai pu leur parler du Liban et du travail de notre compagnie.
C'est en podcast ici : http://fm.gap.free.fr/ ou là : http://fm.gap.free.fr/Emissions/Journal/Jrl20131128%20-%20Retour%20du%20Liban.mp3

Bonne écoute à vous !

samedi 14 décembre 2013

Ensemble, l'union des cachés et des invisibles ?


Les temps sont à la communication. Les lieux de créations artistiques et tous les projets qui s'y articulent n'y échappent pas. Les revues de presse semblent être devenues un gage de qualité pour toute création. Pour avoir une bonne revue de presse, il faut un attaché de presse. C'est un choix budgétaire fait souvent au détriment du budget artistique et pour les petites compagnies, c'est souvent un non-choix. Les artiste s'improvisent polyvalents et c'est encore le spectacle qui en pâtit. On communique donc quand on est gros et quand on fait le choix de la communication.

Si bien qu'il m'a fallu du temps pour découvrir tous les cachés, les invisibles. Ils n'ont souvent pas choisi de créer pour qu'on parle d'eux, ni même pour une carrière. Ils ne souhaitent pas s'enrichir sans fin, ni jouer le jeu d'une concurrence libre et faussée. Ils sont au monde, au coeur du monde. Leurs projets sont un artisanat de la relation, un bricolage d'imaginaires et de réalités. J'ai découvert au fil du temps des dizaines de projets qu'on ne trouve pas même dans les pages "Culture" de L'Huma. Je les ai découverts quand ils nous invitent à jouer nos spectacles. Je les ai découverts en lisant la revue Cassandre. Aux 4 coins de ce pays, ils réinventent l'éducation populaire, font circuler la parole, font vivre la poésie. L'art nous rassemble et nous rend uniques. La pratique artistique doit être populaire car elle est un antidote à la marchandisation de nos vies, à l'avancée de la bêtise crasse. Il n'y a pas de sujets plus urgents que de rendre à l'Homme son humaine fragilité, son identité métissé et son imaginaire poétique.

Sans même nous en rendre compte, il y a déjà une union invisible des acteurs des arts et de l'éducation populaire, de ceux qui pensent poésie et transformation du réel dans un même mouvement. Pourtant, nous restons invisibles. Les artistes sont absents des organisations politiques. Ils deviennent de simples faire valoir en période électorale. Leur combat quotidien est anthropologique. Je rêve que notre nouveau mouvement "Ensemble" rassemble dans la lumière ces travailleurs de l'ombre, animateurs de quartier, comédiens, danseurs, responsables de lieux atypiques, de maison d'éditions, de radios associatives, créateurs de tous poils et artistes amateurs.
Je rêve...et vous ?

Laurent Eyraud-Chaume
(chronique "cuisine alternative" de l'hebdo cerises http://www.cerisesenligne.fr/)

l.eyraud@wanadoo.fr


vendredi 15 novembre 2013

Liban-Lebanon

Je reprend ici le fil interrompu de ce blog.

Après un passage par médiapart, je reviens ici mettre les différentes infos qui font ma vie militante et artistique.
Pour commencer, j'informe mes différents amis que je suis invité par le Lap à Gap mardi prochain (le 19 novembre) à 18h30 pour évoquer ma résidence artistique au Liban et la situation dans cette région du globe.
J'avais évoqué ce voyage dans un Bloc notes qui est publié ici : http://www.communistesunitaires.net/index.php?option=com_content&view=article&id=2825:carte-blanche-a-laurent-eyraud-chaume&catid=88888949&Itemid=88888960

Pour ceux qui souhaitent être informé des différents endroits où le pas de l'oiseau se produit c'est ici :
http://lepasdeloiseau.blogspot.fr/

à bientôt donc,
Laurent

Ils disent "droitisation", nous disons "mensonges" !

Gros bonnets volant notre rouge, ville ouvrière du Var passant au brun, ministre rose glissant vers l'amalgame, insultes racistes sur garde des sceaux noire...Ce sombre arc-en-ciel brûle à cette flamme tricolore que personne n'arrive à faire taire. La fifille-à-papa passe de plateaux de télé en antennes radios et ceux qui tendent le micro semblent danser autour de ce triste brasier. Certains matins, on croirait les informations écrites pour casser en nous tout courage pour lutter. Comme une tempête permanente, les médias écrivent la chronique d'une droitisation annoncée et les responsables solfériniens semblent déterminés à réutiliser cette peur du pire pour (re-re-re-re...) plaider le vote utile... calculs risqués.

Quand tout s'accélère, l'Histoire et la mémoire peuvent servir à garder espoir. Je prends mes souvenirs à deux mains et j'essaie de ne pas perdre le fil. Je me souviens qu'il est possible d'éloigner les matins bruns, que d'autres l'ont fait avant nous. Je me souviens que c'est par l'espoir d'une révolution du partage que nos anciens ont su tenir tête à cette bête immonde. Je me souviens aussi d'avant hier, de 2005 et de 2012. Cette belle campagne présidentielle semble déjà loin et nous nous disons parfois que nous avons gâché la mayonnaise...et pourtant nous n'avons pas rêvé. Il y a un peuple de gauche.
J'en suis là de mes réflexions quand je tombe sur un débat dans L'Humanité : "Droitisation de la société ou de l’offre politique ?"(1). Vincent Tiberj, docteur en sciences politiques et maître de conférences à Sciences-Po Paris, y affirme qu'« il existe une réelle déconnexion entre les sphères de pensée des partis et la manière dont l’électorat se positionne. Globalement, sur le long terme, le phénomène de droitisation s’avère faux. » Pour lui, il y aurait un boulevard à gauche pour qui porterait un programme de gauche. Je reçois le même jour mon Regards-mensuel qui interroge le politologue Roland Cayrol (2). Il dénonce la fable de la montée du FN et affirme que « jamais dans l’histoire des sondages les Français n’ont été aussi attachés à la justice sociale. Ils sont en grande majorité révoltés par l’injustice sociale et la lutte contre les inégalités est au cœur de leurs espérances. »
Depuis je passe mes journées à raconter ces informations. L'enjeu de la maîtrise des médias par les citoyens eux-mêmes et du pluralisme de l'information est plus criant que jamais. La défense du journal de Jaurès, qui mériterait développement et refondation, est notamment une urgence civique (3).
Pour que l'arc-en-ciel de nos quotidiens retrouve de la gaieté, il faudra une lutte implacable contre la désinformation, une lutte politique pour ramener les termes du débat sur les vrais enjeux, une lutte citoyenne pour que chacun se réapproprie sa vie. Le mouvement Ensemble, qui est en train de se fonder, pourra sans doute être un bel outil au service de ces luttes à venir.

* Laurent Eyraud-Chaume

(1) "Droitisation de la société ou de l'offre politique ?"http://www.humanite.fr/politique/droitisation-de-la-societe-ou-de-l-offre-politique-552773
(2) Roland Cayrol, "Il n'y a pas de droitisation de la société française" http://www.regards.fr/web/Roland-Cayrol-Il-n-y-a-pas-de,7177