mardi 31 juillet 2007

Robin Renucci, l'ardent insoumis


Comédien connu du grand public pour ses rôles tout en finesse au cinéma ou à la télévision, Robin Renucci est également une figure du théâtre français. Son action militante en faveur de l'éducation populaire en Corse le place inévitablement du côté des « honnêtes ».

L'intérêt de ce petit ouvrage d'Eric Fourneau, à mi-chemin entre la biographie et le livre d'entretiens, réside dans la mise en perspective d'une carrière exemplaire de fidélité et de courage qui pour certains apparait enfermée dans la « vieille école » et pour d'autres (et j'en suis) est un signe vivant qu'un « autre théâtre est possible ».

Il découvre le théâtre et la formation du comédien durant des « stages de réalisation » initiés par le secteur de l'éducation populaire. Il est toujours fidèle à cette idée simple de rencontres poétiques et politiques d'hommes et de femmes issues de milieux sociaux divers.

Formé par les plus grands, Robin Renucci a connu au début des années 80 d'immenses succès théâtraux (« le soulier de satin » de Claudel monté par Vitez dans la cour d'honneur d'Avignon) et cinématographiques (« Escallier C » de Jean-Charles Tacchela). Il refuse de nombreux scénarios et sa carrière prometteuse ralentie. Il fonde une famille, ses priorités changent et son amour du « bel ouvrage » l'éloigne du show-business. Il s'engage en Corse au sein de l'ARIA où il devient l'animateur militant de rencontres théâtrales. Il réalise en 2007 son premier film (« SempreVivu! »).

L'ouvrage détaille sa passion dévorante pour le travail d'acteur qui sera sa seule occupation durant plus de 10 ans. Robin Renucci est partisan d'un travail du comédien basé sur l'objectivité et la rigueur. (Ce n'est pas le sentiment qui fait le jeu mais l'inverse). Il est un fervent défenseur des auteurs et des poètes. Proche du travail de Vitez, il est aussi un citoyen de gauche assumé. Il milite pour une éducation artistique tout au long de la vie et souhaite faire de l'ARIA (déjà implantée en Île de France) une fédération nationale.

Inadapté au années 80 et au culte de l'argent Roi, il est aujourd'hui un des symboles rassembleur d'une gauche culturelle en quête de repère.

(Robin Renucci, l'ardent insoumis, par Eric Fourneau aux éditions de l'attribut, juillet 2006)

jeudi 19 juillet 2007

des mondes

Hier
Représentation de "Ceux d'entre nous" au Château de Montmaur
Montage du décor dans la salle des festins.
Les amis du château en "costume d'époque" accueillent les visiteurs.
remarque de Jean-Pierre "ils ne se rendent pas conte qu'ils portent le costume de l'oppresseur...il n'y a aucun gueux !" effectivement.

Ici, la mémoire est un produit d'appel...le bon vieux temps...la course à l'image des collectivités territoriales est affligeante...
Ce spectacle est à rebrousse poil de ces tristes instrumentalisations du passé.
J'ai pourtant souvent l'impression que nous luttons à armes inégales.
Comment expliquer à un maire que les lieux culturels doivent servir à l'émancipation de tous et de chacun ? Comment lui dire que la mémoire sanctuarisée n'a aucun intérêt dans nos vies d'aujourd'hui ?

Demain
Départ pour Avignon...
Où se côtoient toujours le pire et le meilleur (sisi)
Parfois je préfère convaincre un élu local qu'un metteur en scène
La dépolitisation de la profession me décourage (parfois)

mercredi 11 juillet 2007

nuit

l'été finira par venir
la nuit finira par finir
les questions et les doutes
les peurs aussi

une heure dix du matin
les souris et les rats dansent
une heure douze dans la nuit
je vais adopter un chat

lundi 9 juillet 2007

la domination du monde

J'ai tardé à finir ce "Roman" de Denis Robert.
J'ai eu tort.
La dénonciation du capitalisme financier est sans faille...
Mais l'intérêt principal du livre réside dans la réflexion sur le choix des armes.
Le jeu de rôle entre le pseudo biographe de lui même et son propre personnage permet à denis Robert de nous entrainer dans un polar rythmé et plein d'humour.
Le biographe choisi la "fable" pour raconter les histoires de notre "héros-journaliste d'investigation" et il doit s'en expliquer en détail.
Le roman, qui flirte sans cesse avec les faits réels, doit permettre au lecteur septique de comprendre la domination du monde et d'aimer notre "héros" dans toutes ses contradictions et ses faiblesses. La lutte est joyeuse. Les résistants sont humains.
à lire de toute urgence.

mercredi 4 juillet 2007

de Mao à Marx...

trouver cette après-midi dans un magasin "type emmaus laïque des hautes-alpes" (petite Ourse) Un bouquin de Mao "Sur la litterature et l'art" dans une édition chinoise (en français) de 1965.

Bon j'ai pas tout lu...mais j'ai noté cette citation de Marx :
"Toute mythologie maitrise, domine les forces de la nature dans le domaine de l'imagination et par l'imagination et leur donne forme : elle disparait donc quand c'est forme sont dominées réellement."

aprés la révolution, fini les mythes, les légendes, l'art...???

mardi 3 juillet 2007

Sur le pont d'A...

Edito de la lettre d'info du pas de l'oiseau

Sur le pont d'A...

La compagnie Le Pas de l'oiseau est heureuse de présenter « Ceux d'entre Nous » au Festival Off d’Avignon au théâtre de la Rotonde chez nos amis cheminots.

Cette « Mémoire des résistances » n'est pas perdue à deux pas de l'avenue Pierre Sémard, résistant et syndicaliste.


Les mots résonnent d'une sonorité particulière

Quand les Hommes qui cherchent le Sud n'ont pas perdu le Nord,
Quand les mots des anciens se mélangent aux rires d'aujourd'hui,
Quand ceux d'entre nous savent que leurs résistances individuelles

Contre toutes les dominations
Sont des symboles de courage pour tous ceux qui auront à résister.

Le travail qui nous attend paraît joyeux
Quand nous savons rire de nos répétitives défaites
Qui ouvrent jour après jour des espaces de dignité à envahir.
Alors la mémoire est source d'espoir, nous n'avons pas peur.

Bienvenue à tous ceux que nous allons croiser cet été,
dans notre théâtre aux témoignages,
si la farce est cruelle, la réalité, elle, est bien pire.


Nous voici sur le pont avec ceux d'entre nous...


Laurent Eyraud

culture politique ?

pour commencer... un message envoyé sur la liste débats des communistes unitaires.

"Salut à vous,

La question culturelle m'apparaît comme fondatrice de toute action des communistes et comme on dit aujourd'hui de la « gauche de transformation sociale ».

La connaissance et la symbolisation du monde est la clef de toute action collective pour la transformation et de toute recherche d'émancipation individuelle. L'ouvrage récent de Bernard Doray sur « la dignité » défriche avec rigueur les liens entre les luttes d'émancipations (exemple du Chiapas), les actes artistiques de re-symbolisation et la reconquête individuelle de la dignité.

En France, alors que « l'emprise » de la gauche et des communistes dans le milieu du spectacle vivant reste forte, les actes artistiques, qui mêlent culture populaire et résistances, sont éparpillés, peu visibles et souvent dévalorisés par le « milieu ».

Un positionnement communiste refondé (tient mon dictionnaire Open Office ne reconnaît pas ce joli mot...) devrai être attentif à tout ce qui constitue des avancées vers plus de démocratie culturelle et d'éducation populaire mais pas seulement. Le travail sur les formes et leurs significations ne doit pas nous laisser sans voix. Depuis 40 ans la sphère communiste a veillé à une stricte « liberté de création » et a accompagné en cela l'ère Lang. Les communistes, qui craignent toujours d'être associés au désastre soviétique, ont donc axés leur programme culturel sur « liberté des créateurs et augmentation des budgets ». Hors si l'émancipation est notre boussole nous ne pouvons nous passer d'une réflexion sur le sens, les formes et les lieux des actions artistiques. Par exemple le lien entre le travail des historiens, des artistes et des mouvements d'émancipations est loin d'être évident. Comment construire demain si les opprimés ne connaissent pas leur propre mémoire/histoire et si celle-ci n'est pas valorisée, mise en réflexion. La grande force de Sarkozi, qui pourrai devenir sa faiblesse, c'est de jouer sur les symboles. Les collectivités territoriales, les comités d'entreprises, etc...ou nous avons encore un peu de « poids » ont d'immenses difficultés a travailler ces questions.(ne parlons pas ici de l'huma !) Quels symboles pour faire chanter nos vies, nos mémoires, nos luttes...à quoi sert l'émotion artistique si elle ne fait pas partie d'un grand mouvement d'émancipation? Les actions d'éducation populaire doivent elles aussi être envisagées dans cette perspective. Qui parle pour nous, de nous ?

Je suis un peu rapide...mais j'ai beaucoup de travail....(?)

Juste pour finir. Le communisme de demain sera sans doute libertaire. Dans le champs culturel, cette question de l'Etat est un tabou immense. Je n'ai plus trop envie de me battre pour l'augmentation des budgets des CDN et SN...si il n'y a pas de projet politique, l'argent sert à des pratiques de classe...

bonne réunion et à bientôt.

Laurent Eyraud

PS : je joue à Avignon du 21 au 25 chez les cheminots...si quelqu'un est volontaire pour une réunion informelle des Communiste Unitaire sur les questions culturelles, je veux bien en être...y a du boulot !"