dimanche 6 juillet 2014

L'hypothèse monde


Que restera t’il de ce printemps 2014 dans le monde de la culture et globalement dans la société ? Au delà d’un mouvement hors norme, c’est toute la population qui doit se questionner sur la transformation d’un monde à bout de souffle.

La force du mouvement des artistes et des techniciens réside dans 4 atouts qu’il sera important d’analyser :
- le sérieux de contre propositions unitaires et mobilisatrices écrites par un comité de suivi fondé dès 2003.
- l’horizontalité de la mobilisation et la légitimité des assemblées générales de terrain
- la volonté continue d’élargir les motifs de luttes : dans un double mouvement vers tous les précaires et autour de la défense de la vie artistique.
- la libération de la parole, l’accélération d’une sorte d’auto-formation des militants (soucieux de ne pas oublier 2003), des actions “coup de poing” symboliques et radicales.

Assurément la grève, notamment au “Printemps des comédiens” aura aussi était un accélérateur de mobilisation. Elle reste l’outil ultime et complexe d’une profession qui souhaite inverser un rapport de force. La lettre de mission signé par Manuel Valls pour cadrer le travail du triumvirat qui a en charge d’aboutir à une nouvelle rédaction des annexes 8 et 10 est le symbole d’un recul du gouvernement. En effet, le 1er ministre affirme l’importance de la solidarité interprofessionnelle, la légitimité du comité de suivi et des coordinations, et appelle à ce que toute la profession soit consultée. Il va sans dire que le début du quinquennat Hollande pousse les intermittents à la vigilance et à ne pas relâcher leur mobilisation. Mais le rapport de force a bougé, c’est un fait !

Et maintenant, que faire ? Les salariés du In d’Avignon ont voté à une très large majorité pour la tenue d’un “festival militant” et un texte collectif issu des artistes et techniciens du In, “l’hypothèse d’Avignon”, interroge : “peut-­être avons nous moins besoin, en cet instant précis, de lâcher nos dernières forces dans un affrontement destructeur que de prendre de nouvelles forces au contact les uns des autres.”. Il appelle à ouvrir des espaces de paroles et à ce qu’Avignon soit “le terrain d’une expérience ponctuelle”.

C’est un désir légitime porté par un constat concret : il faut tenir sur le long terme. Les questions qui se posent aux militants du secteur artistique sont les mêmes que pour l’ensemble des militants : Comment agir et décider ensemble ? Comment élargir la mobilisation ? Comment faire face à un ennemi qui ne dit pas son nom ? Comment être porté par l’espoir quand tout semble nous ramener vers le passé ?

L’objet même de ce mouvement concerne toute la société. Dans un pays où s’accumule les richesses, pourquoi ne pas inventer un dispositif, multiforme, qui s’adapte à la discontinuité de l’emploi, aux temps de formations, vaincre la précarité et donner de la force aux salariés face à des employeurs tournés vers leur seul profit. Il est grand temps de penser un revenu universel qui assure à chacun une vie digne. C’est une perspective qui doit être mise en débat dans la société, chez les salariés précaires, les chômeurs, afin qu’elle devienne un mot d’ordre mobilisateur et unitaire.

Ce mouvement ouvre aussi sur l’importance des arts dans nos vies. Il est primordial de ne pas cacher les contradictions d’un secteur soumis à une double injonction de la société : le marché et la commande publique. La créativité est souvent aspirée par des logiques de rentabilité. Par exemple, combien de mairies osent refuser la loi de l’offre et de la demande dans l’achat de programmation et remettre les boites de production à leur place ? Combien d’artistes refusent le jeu fou de la montée exponentielle des prix ?
La place croissante des collectivités locales dans le financement de la culture s’accompagne de manière inquiétante d’une instrumentalisation des programmations et des projets artistiques. Comment construire l’indépendance des lieux, l’articulation entre vie artistique et éducation populaire ? Comment réinventer collectivement le partage des richesses dans un secteur qui n’en manque pas ? Ces questions, et bien d’autres, doivent à présent faire irruption dans le débat citoyen. Elles dépassent très largement les seuls professionnels. La place que l’on réserve à l’art, à la parole citoyenne et au savoir est un marqueur du monde que nous souhaitons construire.

L’hypothèse que nous faisons est qu’il est temps de faire “politique” en utilisant toutes les formes d’actions citoyennes, en valorisant les alternatives qui se cherchent, en oeuvrant à une cohérence éthique et humaniste. Les urgences du moment nous appellent tout autant à sauver la planète qu’à sauver notre part d’humanité. Les espaces de rencontres créés lors de cet Avignon 2014 ne seront pas un baroud d’honneur s'ils ouvrent sur le monde à inventer ensemble, s’ils rassemblent publics et professionnels autour d’une alternative citoyenne. Nous faisons l’hypothèse monde.

Laurent Eyraud-Chaume, comédien, Ensemble !

Du courage qu’il nous faut... du temps qu’il nous reste.



Passé la course effrénée et joyeuse du quotidien, d’un goûter d’anniversaire aux courses, d’une lessive à un repas de famille, la vie est ainsi faite qu’il faut choisir sans cesse. Est-ce la maladie du siècle de ne pas souhaiter se décider ou la dialectique de la vie qu’il faut savoir dompter ? Je trouve les montres cruelles et les agendas tout autant. 

Je ne suis que peu impliqué dans le combat que mènent les artistes et les techniciens. Leur juste lutte montre avec panache l’urgence d’un horizon d’après le salariat et la centralité pour nos vies des arts et de la culture (j’y reviendrai sans doute dans un prochain numéro.) A l’inverse de 2003, je n’ai pas organisé d’actions coup de poing ni passé des heures de discussions pour convaincre des amis. Pourtant ce combat-là est bien la suite de celui de 2003. Les choses ont pourtant changé dans le pays et les ressorts de chaque implication ont quelque chose de caché, d’intime et de pourtant bien collectif. 

J’ai tenté à ma manière de mener un combat sur le terrain que les gens appellent la “politique”. Les élections municipales m’ont passionnées. Elles mêlent l’agir en commun, la transformation du réel et la difficulté à ramener aux enjeux généraux. Cette élection et celle qui a suivi m’ont laissé dans une grande colère contre le pouvoir en place, contre ce qu’il fait de la “gauche”, une grande lassitude aussi face à nos incapacités chroniques à faire simplement mouvement. 

En filigrane, nous avons construit un spectacle autour des coopératives. Durant des semaines nous avons cherché le mot juste, l’histoire simple pour dire le quotidien dans un entreprise. Nous avons tenté de faire naître un désir, une réflexion, sans apporter de solutions clefs en mains. Nous essayons d’être de ce monde là pour oeuvrer à sa transformation, un basculement sensible vers le futur. Voilà pourquoi nous avons créé cette Coopérative, pour être avec des milliers d’autres sur un chemin. 

Et chaque jour, à chaque rencontre, dans chaque article lu, cette détresse, ce glissement : comment finir le mois ? comment organiser les études du dernier ? comment tenir avec ce patron et tenter d’avoir une retraite décente ? comment organiser les gardes ? lutter contre la maladie ? 

Et cette peste immonde, cette peur du voisin qui ne se cache plus... comment choisir ces combats ? Comment choisir ? 

Nous jouerons notre spectacle à Avignon. D’abord parce que faire grève contre nous-même n’a pas grand sens. Ce serait même un peu suicidaire pour notre petite entreprise. J’incline aussi à penser qu’il est grand temps de passer aux solutions et que notre conte d’aujourd’hui est écrit pour demain. 

Ce qui effraie Valls, Juncker, Merkel et compagnie, c’est quand nous rêvons à voix haute d’un futur sans eux. La subversion révolutionnaire n’est pas dans la révolution mais dans le but qu’elle se fixe. Il n’y a d’ailleurs pas de révolution sans but. Aujourd’hui, il faut lutter pour se défendre mais il faut aussi que nous parlions du futur. Parlons revenu universel, conquête de nouveau “communs”, gratuité, coopératives, sobriété joyeuse, démocratie active… Pour celà il faudra bien une ou deux révolutions, reprendre la main sur nos vies et nos entreprises, faire vivre dès à présent des foyers de futur, les défendre, les valoriser, les questionner… 

Les luttes de juin amènent celles de juillet et ainsi de suite...oeuvrons à les unir afin que quand demain nous choisirons nos combats, il n’y aura plus de doute : celui-ci est un bout des autres ! 

* Laurent Eyraud-Chaume.

vendredi 13 juin 2014

Ceci n’est pas le combat des intermittents !

(éditorial de Cerises)

Non ! Le mouvement, qui monte un peu plus chaque jour, est d’abord celui des artistes, des techniciens et de tous les salariés de la culture. L’intermittence est le nom d’un régime d’indemnisation du chômage. Elle ne dit rien des métiers qui sont en premières lignes. C’est une lutte d’image, de récit, de communication qui s’est installée petit à petit dans notre pays. C’est le combat entre le récit de chômeurs “privilégiés” et le récit d’une profession unie autour d’une contre proposition et plaidant pour la solidarité interprofessionnelle.

Pourtant ce que nous découvrons, c’est une profession à bout de souffle, parfois divisée et souvent plurielle. Cette lutte catalyse un sentiment profond de manque de respect, de dédain pour le travail de chacun. Un manque de respect pour une proposition du Comité de suivi qui a su rassembler, depuis 2003, tout un secteur (employeurs, salariés, élus, etc.). Cette proposition n’a pas même été étudiée lors des “négociations”.  Colère aussi face aux nombreux reniements du Président Hollande qui avait promis de « sanctuariser le budget de la Culture » et « une réforme juste du régime de l'intermittence ». Deux ans plus tard, c’est l’austérité et le programme du Medef qui semblent faire boussole. Nous voyons donc apparaître dans ce mouvement, bien différent de celui de 2003, pas mal de déçus de François Hollande et même de proches soutiens parmi les directeurs de lieux et de festivals. Si bien qu’on se demande chaque jour combien de temps le gouvernement pourra tenir.

Ce combat doit permettre de clarifier les flux économiques dans la profession et de remettre les annexes 8 et 10 à leur place : une indemnisation de la discontinuité de l’emploi. L’intermittence n’est pas une aide à la création et si elle l’est, c’est par défaut de financement public de la culture. Les compagnies indépendantes, les lieux de proximité et tous ceux qui font vivre une présence artistique sur les territoires doivent permettre par leur lutte de stopper cette réforme injuste et inutile, et d’ouvrir en grand le débat d’une réorientation des politiques publiques de la culture.

Ce n’est pas le combat des intermittents, c’est celui de ceux qui rêvent d’un monde où l’art ne serait plus une simple pratique de “classe dominante” ou un bien de consommation comme un autre, mais serait un levier d’émancipations en chaîne pour toute la société.

* Laurent Eyraud-Chaume

Créer

À rebrousse poil des destinées
un matin, prendre un chemin
le trouver beau et escarpé
créer

prendre les mots
comme un sac de billes
au début, ne pas trop réfléchir
laisser aller le plaisir

prendre les rires
comme un carburant
cabotiner et recommencer
respirer en public

À rebrousse poil des destinées
grimper, descendre, se reposer
une draille sans fin
créer

prendre les silences
comme on offre un échange
ciseler les mots
pour ne pas se tromper

prendre les souvenirs,
les siens et ceux du voisin
ne pas gommer les endroits où ça frotte
ne pas oublier les rires du quotidien

À rebrousse poil des destinées
marcher semble parfois inutile
et pourtant...
créer

prendre les colères, les révoltes
comme un outil pour déplacer la terre
écouter le futur caché dans le présent
entre les rythmes stupides des pulsations modernes

prendre les rêves enfouis
les visibles aussi
les faire chanter
comme une semaine de 4 jeudis

À rebrousse poil des destinées
pas rentable, pas vendable
pas prévu au programme
créer

au bord de premières inattendues
comme un enfant
je joue

dimanche 18 mai 2014

Les européennes sont un scrutin local !


C’est devenu comme une course folle, un monologue du renoncement : réformer la France, la faire entrer dans le 3e millénaire, lutter contre les archaïsmes ; il faut dire la vérité aux Français ; les Français ne comprennent plus leurs institutions, nos collectivités ne sont pas adaptées au siècle qui s’ouvre…

Comme le reste de sa politique, le projet territorial de Manuel Valls me fait d’abord l’effet d'être celui d’un homme de droite infiltré pour faire sombrer la “gauche”. Il pousse au suicide une "élite" aveuglée par les jeux de pouvoir et les éléments de langage. Pourtant, le projet est trop "énorme" pour être une pure folie. Si le gouvernement décide de se couper ouvertement du pays et d’une partie de ses élus locaux, c’est qu’il défend des intérêts, des intérêts de classe. La disparition des départements, de la moitié des régions, la baisse de 11 milliards des dotations aux collectivités sont un seul et même projet politique : construire des territoires à l’échelle de la compétition européenne et mondiale.

Vu de mon département alpin, ce passage en force semble pour beaucoup une stratégie politicienne, un nouveau chapitre d’une lutte “fratricide” entre les élus locaux et les élus des appareils. L’échelon départemental et son mode de scrutin “cantonal” a vu émerger des barons locaux qui ne pouvaient être élus sans une proximité/osmose avec un territoire. Les conseils régionaux sont des lieux de combat d’appareils et ne laissent que peu de place au local.
Les visées de la réforme sont pourtant bien plus grandes. Depuis des années, celui qui cherche des financements européens l’aura bien observé : l’Europe est construite sur la concurrence des territoires. Manuel Valls lance cette réforme structurelle pour répondre aux attentes de la “Commission”. La disparition des départements et de la moitié des régions répond à un double objectif : la baisse des “coûts” et l’adaptation des collectivités aux “territoires” du marché.
Cette réforme ne tombe pas du ciel et rien n’est improvisé. Elle est aussi le fruit d’un long travail de “communication” sur les “mille-feuilles” et la “désorganisation”. Le gouvernement risque pourtant de tomber sur un os. Depuis ces annonces, des élus de tout bord s’insurgent et des appels au référendum sont souvent lancés. Un pays est d’abord une construction culturelle. Les échelons des collectivités sont autant d’espaces de luttes et de consensus politiques. Ils sont le fruit d’une longue maturation dans les profondeurs de ce qui fonde un pays. Bien entendu, la vie elle-même pousse à de nouvelles inventions et il faudra trouver les formes adaptées à ce que nous voulons construire ensemble et aujourd’hui. Les nouvelles technologies, les transports, la rapidité de circulation de l’information, la transition énergétique sont autant de nouveautés qui appellent à de nouveaux territoires. Rien de neuf ne peut pourtant venir sans projet de société et sans une place centrale pour l’action citoyenne. L’Europe doit être un de ces nouveaux territoires, un espace où l’on pourrait inventer une politique environnementale et énergétique commune, un espace pour inventer une force de paix, un lieu pour réguler les flux économiques et inventer des solidarités nouvelles. L’Europe doit être un outil pour irriguer des territoires, urbains ou ruraux, créateurs d’alternatives concrètes, citoyennes et solidaires. L’Europe doit soutenir des projets de territoire avant de soutenir des échelles de collectivités, des complémentarités et non des concurrences. Dans ce cadre, qui peut trancher, sans débat, pour un avenir sans département et avec d’immenses régions ? qui ? à part ceux qui ont un intérêt à ce grand big bang ?
Le 25 mai est aussi un scrutin local !

samedi 12 avril 2014

La pacifie !

Un cadeau pour vous...

vendredi 4 avril 2014

Le tour du Verdon, d'un tour à l'autre...


J'ai eu la chance de raconter l'Héritage chez l'habitant pour une tournée du Verdon du 20 au 30 mars. C'est une expérience humaine hors norme. Dans ce bout de France, on croise la terre entière : des profs amoureux des mots dits, des paysans qui libèrent leur salon après avoir "fait" le cochon, des militants de terrain, des voyageurs, des jeunes en quête de futurs, des moins jeunes qui décident de s'impliquer pour la première fois aux municipales... Après chaque représentation, on mange ensemble. Certains dans l'urgence ont commandé des pizzas, d'autres arrivent avec des cagettes de fromages de chèvre, des quiches de toutes sortes, des chips, du saucisson... et des bouteilles de rouge ! C'est le  plancher des chèvres" ( http://leplancherdeschevres.fr/ ) qui nous accueille, une association portée par des bénévoles et des salariés, portée surtout par un idéal simple : un art au cœur du monde.

La France des villages n'est pas triste ou renfermée. Elle est comme celle des villes : traversée de peurs et d'espoirs, de joies et de colères. Ce qui change ici, c'est simplement la proximité. Cette proximité est comme un outil pour ceux qui ne se contentent pas du monde tel qu'il est. Ici chaque acte a des conséquences tangibles. D'un village à l'autre, je découvre que chacun est au courant des enjeux des différentes communes, chacun a son avis sur la question. L'élection municipale est comme le révélateur de ce qui se joue ici au quotidien. Il y a une soif de politique. Comment maîtriser les flux touristiques ? Comment agir sur le prix du foncier ? Comment faire tomber les barons locaux qui mettent des caméras de vidéo-surveillance dans des rues souvent désertes ?

Chaque soir, je refais le monde avec des gens différents. L'hospitalité est aussi dans les dialogues et les récits. Il y a une grande conscience que ce monde est absurde, que la loi de l'argent roi devra cesser. Chacun cherche un chemin, parfois avec une naïveté touchante, parfois avec une conscience joyeuse. Le théâtre ouvre au dialogue, à la confidence... Il permet aussi, simplement, de sortir de chez soi (dans tous les sens du terme) et de rencontrer son voisin dans une autre situation.

Entre une quête de bonheurs simples et une action militante de tous les instants, beaucoup ne choisissent pas et n'imaginent pas vivre l'un sans l'autre... Je rêve d'un mouvement politique qui serait comme la ruralité engagée d'  aujourd'hui : ouvert sur le reste du monde et ancrée dans le quotidien. J'espère un mouvement de ceux qui refusent chaque matin de rentrer dans le   jeu morbide de la lutte de tous contre chacun, un mouvement qui transformerait une posture éthique en acte politique. Le théâtre par les villages me rassure sur le futur et m'invite à chercher mieux encore une radicalité au cœur du monde. Le chemin est long, mais vu d'ici, loin des jeux d'appareils et de la fièvre journalistique, il est aussi joyeux et calme. Comme si pas à pas un monde nouveau se réinventait. Il manque sans doute parfois de cohérence, d'articulation aux questions sociales du monde urbain, mais il est en marche et c'est un déjà-là précieux.

* Laurent Eyraud-Chaume


vendredi 14 mars 2014

Le 18 mars en Action !

Le Collectif des intermittents et des permanents de la culture des Hautes-Alpes

- conscient des menaces qui pèsent sur le régime des intermittents (annexe 8 et 10) et sur le maintien d'une convention Unedic solidaire,

- conscient que leur combat s'inscrit dans un moment social où le gouvernement semble répondre positivement à toutes les demandes du MEDEF,

- conscient que défendre aujourd'hui les droits des salariés de la culture, c'est aussi réfléchir ensemble à l'invention d'une vie artistique et culturelle pour demain :

appelle les intermittents du spectacle, les permanents de la culture et tous ceux qui soutiennent leur combat à le rejoindre le :

mardi 18 mars à 10h30 devant la sécurité sociale à Gap
pour une Manifestation interprofessionnelle pour les salaires, l’emploi, la protection sociale et le service public, et contre le pacte « d'irresponsabilité » à l'appel de la CGT, de FO et de la FSU

mardi 18 mars à 14h sur le parvis du théâtre La passerelle
pour un Grand Rassemblement de soutien au régime des intermittents.

« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. »

Bertolt Brecht

dimanche 9 mars 2014

Pour les Pays du Buëch !

(tribune libre dans le cadre la campagne des municipales 2014 http://agiraveclescitoyensveynes.wordpress.com/ )

Nous risquons de sortir des écrans radars de la décentralisation et des aides au développement local. Pendant ce temps-là, la campagne électorale à Veynes, comme dans l'immense majorité des communes, donne l'impression que tout se jouerait dans les mairies. C'est bien pire qu'un mensonge, c'est une insulte à l'avenir.

Nous ne sommes pas naïfs. Le mode de scrutin des conseillers communautaires manque encore largement de leviers démocratiques. Nous attendons encore des élections intercommunales à la proportionnelle. Pour changer le monde il faudra des victoires nationales et internationales de tous ceux qui se battent pour "l'humain d'abord". Il faudra ,dans un même mouvement, changer le monde ici et maintenant par une multitude d'alternatives concrètes qui n'ont que faire des rythmes électoraux. L'enjeu intercommunal peux sembler secondaire et bien abstrait. Et pourtant ...

Le sud du département est émietté en 7 intercommunalités qui rassemblent à peine 20 000 habitants. Héritières des syndicats mixtes inventés pour gérer les déchets, construites à l'échelle des (ex)cantons, ces com-coms sont aujourd'hui une aberration à bien des égards. Leur très faible poids et l’absence flagrante de projets politiques les condamnent à être un échelon inutile et coûteux. Les communes ne s'y investissent pas, ne délèguent que peu de compétences et quand les projets voient le jour, le manque de moyens les assigne aux actions de témoignages, goutte d'eau dans un océan d'immobilisme.

Cette situation existe par manque de courage politique des élus, afin de ne pas perdre un mandat, un équilibre partisan, un pouvoir, une indemnité...mais aussi pour certains élus de petits villages, par peur, par ignorance culturelle et préjugés ancestraux...Certains disent qu'on ne peut travailler avec ceux de Laragne, que Rosans n'a rien à faire dans le Buëch,.. Frilosité, préjugés, et "guéguerres" de pouvoirs : voici comment un territoire peut se suicider...

Quel est l'enjeu ? Notre président l'a annoncé récemment, mais chaque élu l'avait déjà remarqué, la baisse des reversions aux collectivités s'accompagnera d'une priorité aux financements des projets intercommunaux. Le souci pour nous, c'est que nos petites "baronnies cantonales" n'ont pas la taille critique pour faire émerger des projets d'envergure. Nous courrons le risque de disparaître d'une multitude de financements, de mettre en péril des projets nécessaires ou de les financer sur nos propres deniers...c'est à dire par les impôts locaux. Nous courrons aussi le risque que Veynes et Laragne deviennent encore un peu plus les banlieues dortoirs des agglomérations de Gap et Sisteron, les zones lointaines d'un territoire urbain rythmé par d'autres enjeux. Le reste des pays du Buëch pourrait continuer sa lente désertification. Nous sommes piégés et nous regardons ailleurs...

Si la liste "Front de Gauche Veynes-Agir avec les citoyens" a milité durant toute cette campagne pour une implication forte de la commune au sein de l'intercommunalité et pour ouvrir des chantiers en commun, c'est pour toutes ces raisons. C'est aussi parce que nous rêvons à demain. Nous savons qu'il faudra une réinvention des services publics de proximité (santé, transports, éducation...), une relocalisation de l'économie (monnaie locale, agriculture...), un tourisme vecteur de développement, un projet rassembleur autour des arts et de l'éducation populaire...Tous ces chantiers peuvent vivre et s'épanouir dans les Pays du Buëch car c'est un territoire d'alternatives concrètes où les citoyens savent se prendre en main. C'est aussi un territoire isolé qui doit être uni face à cette adversité. Nous devons inventer une intercommunalité de Laragne à Veynes, en passant par Serres, Aspres, Rosans...Cette communauté de communes devra rassembler largement tout le sud de notre département.

Evidemment, il y a des risques : le principal est de construire une institution éloignée des citoyens. Si la préfecture vient à décider à la place des communes sur l'échelle de leur regroupement, nous aurions un doigt dans cet engrenage. Pour éviter ce piège, nous devons construire un projet ambitieux qui vienne des citoyens rassemblés. Là où il y a une volonté, il y a un chemin !

Laurent Eyraud-Chaume.
comédien, membre du mouvement "Ensemble".

samedi 8 mars 2014

Intermittents du spectacle : un combat porteur d’alternatives !


(article paru dans cerises : http://www.cerisesenligne.fr/)
Jeudi 27 février, plus de 20 000 personnes se sont mobilisées à Paris et dans toute la France contre la tentative de coup de force du MEDEF. Une mobilisation vaste est en train de naître qui mêle artistes, techniciens mais aussi chômeurs et précaires. L’unanimité du secteur culturel permet d’installer un rapport de force qui semble favorable aux intermittents. Pourtant, la proposition du MEDEF (la suppression pure et simple des annexes 8 et 10) était articulée à un appel à l'État et semble avoir dès à présent ouvert un débat bien plus vaste. Pour certains (dont la CFDT), le régime des intermittents est une subvention cachée à la vie culturelle. L’argumentaire récurent de la ministre s'appuie d’ailleurs sur les annexes pour parler d’exception culturelle et de rentabilité générale de l’investissement public. Une des issues possibles de la négociation serait un maintien du dispositif mais à la charge de l'État. Les intermittents tiennent à rester dans la solidarité inter-professionnelle. Nous touchons ici à 2 questions qu’ouvre cette mobilisation. Le secteur culturel souffre d’un déficit de financements publics. La politique générale d’austérité aggrave cette situation et l’intermittence est souvent une réponse à un manque de subventions. Par ailleurs, les annexes 8 et 10 ont été inventées pour des situations d’emplois bien précises : la nécessité d’un secteur d’activité d’avoir recours à des CDD à répétition. Les annexes sont précisément là pour lutter contre la précarité “mécanique” du secteur.
Ce combat doit permettre d’ouvrir en grand ces 2 débats cruciaux pour notre vie commune :
- Comment maintenir des services publics forts et utiles dans cette stratégie folle d’austérité ? La culture est un exemple emblématique d’une saignée générale. Sur nos territoires, les collectivités se désengagent et font souvent le choix de sacrifier les petites structures pour sauver les grosses. De Sarkozy à Hollande, nous sommes arrivés à l’os. Le maintien d’une vie artistique riche ne peut s’accommoder ni de la baisse du budget de l’État ni des attaques contre les collectivités territoriales. - Les annexes 8 et 10 ne sont pas attaquées pour un déficit, très largement imaginaire. Le régime des intermittents du spectacle est menacé par le MEDEF car il est un contre exemple à la précarité qu’induit la course au CDD aujourd’hui généralisée. S’il ne peut être étendu à tous, il montre pourtant qu’en adaptant les mécanismes d’indemnisation du chômage aux situations réelles de l’emploi, nous pouvons changer de vision sur le marché du travail et permettre de transformer la précarité en sécurité. Ce conflit nous amène à réfléchir tous ensemble sur la place du travail dans nos vies et plus largement sur la quête de dignité humaine que doit permettre notre vie en société. Personne n’a de réponse clef en main, mais la souffrance au travail doit cesser, la détresse sociale doit cesser, l’accaparement des richesses par un petit nombre doit cesser.
Notre mouvement Ensemble !, le Front de gauche et tous les citoyens qui pensent qu’une alternative à gauche est souhaitable doivent être aux côtés des intermittents car leur combat est aussi une porte ouverte vers demain.
Le prochain rendez-vous de mobilisation est fixé au 13 mars.
* Laurent Eyraud-Chaume
Voir le reportage sur la manifestation à Paris 27/02/2014 ( http://www.youtube.com/watch?v=E0AwKF5T1-c)



mercredi 29 janvier 2014

Les Hautes-Alpes, terre d'alternatives ?

(éditorial de l'alp'ternatives n°13, http://alpternatives.wordpress.com/)

Les temps présents sont souvent tristes. Le piège de ce capitalisme mondialisé se referme sur nous. Prisonniers entre montée du chômage, exacerbation des peurs, pollutions et marchandisations de nos vies, nous ne voyons pas de portes de sorties au premier coup d'œil.
Il faudra bien entendu que la gauche de gauche, sorte en tête des élections européennes pour faire sauter le verrou d'une Union Européenne guidée par le seul chemin du profit. Il faudra un nouveau traité, un traité des peuples contre celui des marchés. Il faudra débusquer avec méthode la cage du positionnement social-libéral de notre gouvernement qui est la même prison mais avec des murs repeints.
Il est tout aussi urgent de reconstruire un ancrage local à la réinvention du monde. Penser global et agir local (et inversement) sont les 2 clefs de notre libération. Nous sommes enfermés dans les vieux réflexes. Cette geôle invisible passe par un culte de la croissance qui ne mesure jamais notre "bien-vivre" ni les émancipations en chaine que nous appelons de nos vœux. A quoi servent nos stations de skis si elles sont construites sur la précarité de nos familles ? A quoi sert le développement local si il développe les profits des riches et la pauvreté des pauvres ? Alors que le Conseil Général des Hautes-Alpes s'apprête à diminuer les subventions aux associations culturelles et à augmenter les investissements plus pharaoniques et inutiles les uns que les autres, nous demandons dans quel monde souhaitons nous vivre ?
Les issues de secours existent. Elles s'appellent : relocalisation de l'économie, relance d'une agriculture paysanne, coopérations et mutualisations entre les territoires, investissement dans le bien-vivre qui passe par les services publics de proximités et le secteur associatif, développement de jumelages entre notre territoire et le reste du monde pour que chacun sache qu'ici et ailleurs ne font qu'un ! A ceux qui s'investissent en politique pour faire carrière, comme de bons gestionnaires de l'état immobile des choses, à ceux qui parient sur la bêtise et agissent en seigneurs locaux, à ceux qui connaissent les périls écologiques et humains mais qui n'ont pas le courage de les affronter : nous disons du balai !  2014 est une année électorale, nous aurons les élus que nous mériterons !


Laurent Eyraud-Chaume

samedi 25 janvier 2014

Dehors les mauvais comédiens !

Que celui qui joue le rôle du Président de gauche démissionne ! Il ne sait plus son texte et le public est lassé. Il se trompe de scénario. Dans l'acte I, il jouait celui qui bat le "méchant" sans cœur qui voulait nous faire travailler plus. Il jouait celui qui met dehors le Président des riches. Il devait au moins nous faire croire dans l'acte II qu'il se battait contre la finance... Et puis, patatras… il se trompe de texte ou de rôle. Et l'affreux méchant est de retour dans un autre costume. Le public ne comprend plus rien et menace de sortir avant l'acte final.

Que ceux qui jouent le rôle de l'Assemblée nationale démissionnent ! Oui, ils devaient incarner la grande scène de la "politique". Celle où l'on fait appel à l'intelligence des spectateurs... Ils devaient dire les mots de l'Histoire, être à la hauteur de leurs glorieux ancêtres ou au moins du beau décor, mais patatras... Ils disent "oui" avant que la question ne soit énoncée. Et quand ils essaient de dire les belles tirades... ça sonne faux ! Certaines scènes étant déjà coupées aux ordonnances, autant démissionner tout de suite, chers comédiens députés !

Que ceux qui jouent le rôle des journalistes cherchent un autre travail ! Ils devaient interpréter le sens de la vérité nue et le courage héroïque qu'elle entraîne. Une grande scène était prévue où l'on verrait l'unité d'une profession dévoiler les mécanismes des paradis et autres exils fiscaux ! Et patatras... les courageux n'ont pas les rôles titres et ceux qui tiennent les têtes d'affiches semblent être des comédiens de série B. Ils ne cessent de se tromper de pièce et rejouent pour la millième fois l'acte glauque où l'on découvre que les étrangers sont "différents" et que le Président a une histoire adultère. C'est du mauvais Feydeau !
Que ceux qui jouent le rôle des gentils élus locaux lâchent la rampe ! Les textes étaient écrits avec simplicité et au départ ils devaient jouer, avec désintéressement, des scènes presque improvisées. Ils étaient "proche des Français" et on devait le voir dans leurs costumes et l'entendre dans leurs mots. Mais patatras… ils ne cessent de tenter de voler la vedette à ceux qui interprètent l'Assemblée nationale et parfois même, ils jouent les 2 rôles. Ils s'achètent de beaux costumes et radotent un texte mal écrit qui parle d'eux et d'eux seuls ! Les Français sont bien loin de ces scènes poussiéreuses et comme ces mauvais acteurs préparent leur prochaine création à huis clos, sans l'avis des citoyens spectateurs, il y a fort à parier que peu viendront voir ce spectacle.
Cette mascarade ne fait plus rire. L'humour a des limites.

Nous devons être de bien mauvais auteurs, des metteurs en scène sans imagination. Il est grand temps de nous former ensemble à ce savoir-faire ancestral ! Nous devrions dès le mois de mars réécrire l'acte des élus locaux, en cherchant des interprètes de qualité. Les animateurs de troupes et les courageux partageux sont nombreux à sortir de l'école de la vie. Ensuite, nous réécrirons la suite de la pièce comme on réécrit l'Histoire. Nous jouerons notre rôle, humblement mais debout ! Il n'y a pas de second rôle. On change le scénario ?

(chronique d'abord parue dans l'hebdo Cerises http://www.cerisesenligne.fr/ )

lundi 6 janvier 2014