(tribune libre dans le cadre la campagne des municipales 2014 http://agiraveclescitoyensveynes.wordpress.com/ )
Nous risquons de sortir des écrans radars de la décentralisation et des aides au développement local. Pendant ce temps-là, la campagne électorale à Veynes, comme dans l'immense majorité des communes, donne l'impression que tout se jouerait dans les mairies. C'est bien pire qu'un mensonge, c'est une insulte à l'avenir.
Nous ne sommes pas naïfs. Le mode de scrutin des conseillers communautaires manque encore largement de leviers démocratiques. Nous attendons encore des élections intercommunales à la proportionnelle. Pour changer le monde il faudra des victoires nationales et internationales de tous ceux qui se battent pour "l'humain d'abord". Il faudra ,dans un même mouvement, changer le monde ici et maintenant par une multitude d'alternatives concrètes qui n'ont que faire des rythmes électoraux. L'enjeu intercommunal peux sembler secondaire et bien abstrait. Et pourtant ...
Le sud du département est émietté en 7 intercommunalités qui rassemblent à peine 20 000 habitants. Héritières des syndicats mixtes inventés pour gérer les déchets, construites à l'échelle des (ex)cantons, ces com-coms sont aujourd'hui une aberration à bien des égards. Leur très faible poids et l’absence flagrante de projets politiques les condamnent à être un échelon inutile et coûteux. Les communes ne s'y investissent pas, ne délèguent que peu de compétences et quand les projets voient le jour, le manque de moyens les assigne aux actions de témoignages, goutte d'eau dans un océan d'immobilisme.
Cette situation existe par manque de courage politique des élus, afin de ne pas perdre un mandat, un équilibre partisan, un pouvoir, une indemnité...mais aussi pour certains élus de petits villages, par peur, par ignorance culturelle et préjugés ancestraux...Certains disent qu'on ne peut travailler avec ceux de Laragne, que Rosans n'a rien à faire dans le Buëch,.. Frilosité, préjugés, et "guéguerres" de pouvoirs : voici comment un territoire peut se suicider...
Quel est l'enjeu ? Notre président l'a annoncé récemment, mais chaque élu l'avait déjà remarqué, la baisse des reversions aux collectivités s'accompagnera d'une priorité aux financements des projets intercommunaux. Le souci pour nous, c'est que nos petites "baronnies cantonales" n'ont pas la taille critique pour faire émerger des projets d'envergure. Nous courrons le risque de disparaître d'une multitude de financements, de mettre en péril des projets nécessaires ou de les financer sur nos propres deniers...c'est à dire par les impôts locaux. Nous courrons aussi le risque que Veynes et Laragne deviennent encore un peu plus les banlieues dortoirs des agglomérations de Gap et Sisteron, les zones lointaines d'un territoire urbain rythmé par d'autres enjeux. Le reste des pays du Buëch pourrait continuer sa lente désertification. Nous sommes piégés et nous regardons ailleurs...
Si la liste "Front de Gauche Veynes-Agir avec les citoyens" a milité durant toute cette campagne pour une implication forte de la commune au sein de l'intercommunalité et pour ouvrir des chantiers en commun, c'est pour toutes ces raisons. C'est aussi parce que nous rêvons à demain. Nous savons qu'il faudra une réinvention des services publics de proximité (santé, transports, éducation...), une relocalisation de l'économie (monnaie locale, agriculture...), un tourisme vecteur de développement, un projet rassembleur autour des arts et de l'éducation populaire...Tous ces chantiers peuvent vivre et s'épanouir dans les Pays du Buëch car c'est un territoire d'alternatives concrètes où les citoyens savent se prendre en main. C'est aussi un territoire isolé qui doit être uni face à cette adversité. Nous devons inventer une intercommunalité de Laragne à Veynes, en passant par Serres, Aspres, Rosans...Cette communauté de communes devra rassembler largement tout le sud de notre département.
Evidemment, il y a des risques : le principal est de construire une institution éloignée des citoyens. Si la préfecture vient à décider à la place des communes sur l'échelle de leur regroupement, nous aurions un doigt dans cet engrenage. Pour éviter ce piège, nous devons construire un projet ambitieux qui vienne des citoyens rassemblés. Là où il y a une volonté, il y a un chemin !
Laurent Eyraud-Chaume.
comédien, membre du mouvement "Ensemble".
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