Les temps sont à la communication. Les lieux de
créations artistiques et tous les projets qui s'y articulent n'y
échappent pas. Les revues de presse semblent être devenues un gage
de qualité pour toute création. Pour avoir une bonne revue de
presse, il faut un attaché de presse. C'est un choix budgétaire
fait souvent au détriment du budget artistique et pour les petites
compagnies, c'est souvent un non-choix. Les artiste s'improvisent
polyvalents et c'est encore le spectacle qui en pâtit. On communique
donc quand on est gros et quand on fait le choix de la communication.
Si bien qu'il m'a fallu du temps pour découvrir
tous les cachés, les invisibles. Ils n'ont souvent pas choisi de
créer pour qu'on parle d'eux, ni même pour une carrière. Ils ne
souhaitent pas s'enrichir sans fin, ni jouer le jeu d'une concurrence
libre et faussée. Ils sont au monde, au coeur du monde. Leurs
projets sont un artisanat de la relation, un bricolage d'imaginaires
et de réalités. J'ai découvert au fil du temps des dizaines de
projets qu'on ne trouve pas même dans les pages "Culture"
de L'Huma. Je les ai découverts quand ils nous invitent à
jouer nos spectacles. Je les ai découverts en lisant la revue
Cassandre. Aux 4 coins de ce pays, ils réinventent
l'éducation populaire, font circuler la parole, font vivre la
poésie. L'art nous rassemble et nous rend uniques. La pratique
artistique doit être populaire car elle est un antidote à la
marchandisation de nos vies, à l'avancée de la bêtise crasse. Il
n'y a pas de sujets plus urgents que de rendre à l'Homme son humaine
fragilité, son identité métissé et son imaginaire poétique.
Sans même nous en rendre compte, il y a déjà
une union invisible des acteurs des arts et de l'éducation
populaire, de ceux qui pensent poésie et transformation du réel
dans un même mouvement. Pourtant, nous restons invisibles. Les
artistes sont absents des organisations politiques. Ils deviennent de
simples faire valoir en période électorale. Leur combat quotidien
est anthropologique. Je rêve que notre nouveau mouvement "Ensemble"
rassemble dans la lumière ces travailleurs de l'ombre, animateurs de
quartier, comédiens, danseurs, responsables de lieux atypiques, de
maison d'éditions, de radios associatives, créateurs de tous poils
et artistes amateurs.
Je rêve...et vous ?
Laurent Eyraud-Chaume
(chronique "cuisine alternative" de l'hebdo cerises http://www.cerisesenligne.fr/)
(chronique "cuisine alternative" de l'hebdo cerises http://www.cerisesenligne.fr/)
l.eyraud@wanadoo.fr
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