dimanche 10 mai 2009
Articles en avant première
voici en avant première le papier "critique" que j'écris pour Alp'ternatives n°3.
Alp'ternatives Culturelles 3
CD
Les frontières n'ont pas de sens !
La Rue Ketanou, A contre sens.
Le dernier album de la Rue Ketanou vient de sortir et ce « à contre sens » est un une fleur de printemps. Le trio de scène achève ainsi une pause salvatrice après le succès de leur deuxième album, le temps pour chacun de travailler des univers personnels et d'avoir envie de continuer cette belle aventure collective. Cet album est un hymne multicolore à la vie et aux multiples émancipations à conquérir. Alternent d'une piste à l'autre des thèmes engagés (Maître corbeau sur le partage, Derrière ses cheveux longs sur le viol, Les derniers aventuriers sur les sans-papiers) des chansons d'amours (le très beau prenons la vie) et des morceaux plus clownesques. Si les arrangements sont plus travaillés, la Rue Ketanou reste ce groupe inclassable capable d'alterner une valse, une bossa, des thèmes plus gitans et des rocks...La poésie des mots, les mélodies à fredonner ont pourrait tomber ici dans un succès « facile » mais la force du groupe est d'amener ce parti pris cohérent, optimiste et radical : les frontières n'ont pas de sens.
« prenons la vie comme elle vient
Si jamais tu veux de moi
Je t'arrache à ce destin
Que ton père trace pour toi
Et m'en fous des traditions
De leurs tabous, de leurs menaces
Vive la révolution
Que l'amour les remplace »
Livre
Sur l'établi remettre l'ouvrage ?
Alain Badiou, « l'hypothèse communiste. »
Après son revigorant « De quoi Sarkozy est-il le nom ? », le platonicien Alain Badiou nous offre avec cette ouvrage de philosophie un plaidoyer pour reformuler et faire vivre « l'Idée de communisme ». En effet, comme en réponse à Jean-Louis Sagot-Duvauroux qui propose de réinventer une politique à partir du terme d'« émancipation » (voir alp'ternatives 2), Badiou choisi de garder le mot de communisme (bien qu'entre les lignes on comprend que lui non plus n'a pas la religion des mots.) pour pouvoir affronter les différents bilans et pour s'engager dans un combat d'idées bien loin de toute logique partisane.
Le livre est articulé autour de l'analyse de différents « échecs » : mai 68, la révolution culturelle et la Commune. La finesse du propos réside dans l'absence de jugement moral à priori et par la volonté vive de nourrir le présent du passé. La longue expérience militante de Badiou au côté du mouvement Maoïste est ici utilisée comme un matériau pour comprendre ce qui a échoué et s'appuyer sur la force symbolique de moments vécus de transformation du réel.
Pour l'auteur, faire vivre une « hypothèse communiste » c'est d'abord, en dehors du jeu de la « démocratie capitaliste », créer des « évènements » qui permettent, à petites ou à grandes échelles, de démontrer par l'exemple la possibilité d'inventer un réel impossible hier, de faire vivre et ré-inventer cette Idée qui combat toutes les dominations.
De quoi élargir le champ du débat politique trop souvent centré sur les lieux de « démocratie » qu'on nous accorde et de plus démoralisant pour les militants d'une unité populaire toujours à inventer...
«(...) Le geste le plus ordinaire, dans cette vision des choses, est d’amener quelqu’un à une vraie réunion politique, loin de chez lui, loin de ses paramètres existentiels codés, dans un foyer d’ouvriers maliens, par exemple, ou à la porte d’une usine. Venu au lieu où une politique procède, il décidera de son incorporation ou de son repli. Mais pour venir au lieu, il faut que l’Idée – et depuis deux siècles, ou peut-être depuis Platon, c’est l’Idée du communisme – le prédéplace dans l’ordre des représentations, de l’Histoire et de l’État. Il faut que le symbole vienne imaginairement à l’appui de la fuite créatrice du réel.(...) »
Alain Badiou, L'hypothèse communiste, nouvelles éditions lignes, avril 2009, 15€.
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