« L'identité haute-alpine au service de l'essor touristique »
Voici la conclusion d'une journée de travail sur les questions culturelles de « nos » conseillers généraux UMP...dans le cadre de la construction d'un programme pour notre département.
Mais de quelle identité parlent ils ?
Ils pensent sans doute à notre immense capacité à être exploité et à gagner en moyenne 20% de moins que les français.
Ou à ce trait caractéristique de notre identité qui réside dans la construction frénétique de stations de ski immondes...
Ils pensent à cette identité pure et sans tâche du paysan. Ils pensent à la carte postale.
Mais au quotidien que retiennent ils de l'identité populaire, au delà de la caricature sous verre...?
De gauche ou de droite, ils rêvent d'un département musée, silencieux, obéissant, rentable et compétitif...
Ils parlent d'oralité alpine, ils laissent mourir les vieux.
Ils parlent d'identité mais leur système oblige chacun d'entre nous à quitter son « pays ». Ici chaque jeune le sait : il faut partir.
Ils veulent glorifier une identité rêvée, fantasmée...ils n'ont pas vue le métissage, la créolité de notre histoire.
Nous sommes tous des mélanges et l'histoire de notre pauvre territoire est une histoire de mélanges...forcés ou voulus mais réels.
Que retiennent t'ils de cette histoire ? Notre capacité à courber l'échine et les beaux paysages ?
Ils ont oubliés et fait oubliés 1851 et la révolte des montagnards, Cyprien Chaix, leurs (nos) vies contre ce retour à l'empire.
1914 et nos villages vidés par une guerre du pognon, les gars du pays sur le front parlant à peine français.
La francisation de nos écoles, l'humiliation pour les stupides patois, la langue maternelle qu'on cache...
1936, les usines en grève au diapason du pays de Jaurès...les ouvriers alpins disant non au fascisme et oui au respect dans les ateliers...les patrons contraints de payer et d'écouter...l'étoile Rouge géante sur la mairie de Veynes.
De quelle identité parlent ils ? De la résistance solidaire dans le froid maquis des montagnes, au 4 coins du département.
La vie est bien plus complexe qu'une carte postale ou qu'un cerveau d'encravaté expert en communication.
Le capitalisme met les territoires en concurrence, et nos élus fournissent les armes avec nos impôts.
Ils avivent sans cesse une identité muraille qui n'est que la pâle copie de cette triste identité nationale chère à Sarkoléon.
Les projets solidaires et culturels peuvent sans bruits être disqualifiés par cette sentence mille fois entendu... « il est pas du pays »...
Les élus locaux colportent avec courage cette idée sans fondement « la culture c'est pas pour nous...pourquoi on subventionne ?» et notre cher conseil général de répondre avec non moins de courage... « on va vous faire un Centre de l'Oralité Apline et vous programmer des danses folkloriques... ».
Moi qui suis du pays...je reste sans voix...
Nous sommes des indiens, nous sommes une réserve et tout cela n'a aucun sens.
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