dimanche 11 novembre 2007

jeux de dames


éditorial de la lettre d'infos de la cie du pas de l'oiseau...en primeur sur le blog.


Dans la compagnie, nous philosophons beaucoup sur « quoi faire aujourd'hui? Quelles formes artistiques pour dire notre humanité ? »...etc....etc...Pour cacher mon affligeante impuissance, je me donne de l'importance sur le thème de « notre responsabilité d'artiste ». Il faut l'avouer depuis mai, je ne sais plus par quel bout prendre la nouvelle situation.

Les filles avaient cette idée de lecture-spectacle sur la condition féminine. J'écoutais d'une oreille fraternelle mais un peu distraite. Amélie passait des journée entières dans cette histoire de luttes et Françoise cherchait avec gourmandise des témoignages et des chansons. Elles ne participent pas trop aux grands débats sur le sens du monde qui m'agite sans cesse...humbles et discrètes.

En quelques semaines ce fut près. Jean-Pierre a mis de l'huile dans les rouages et l'air de rien je me suis retrouvé spectateur d'une première du pas de l'oiseau...

Pour les 25 ans du C.I.D.F.F. des Hautes-Alpes, un public nombreux et issu de multiples horizons est réuni. Les premiers rires fusent. Puis le silence est rempli d'une attention studieuse. Chaque mot est écouté, entendu. Les chansons, plus que des respirations, sont des clins d'oeil de connivence. La salle fredonne Froufrou. Le silence est à présent rempli d'une émotion bouleversante. L'histoire et les témoignages racontent notre mémoire commune, ou plus exactement nous la révèle comme une lumière qui aurait cesser de faire danser nos vies. L'amour, enfin possible, entre une femme et un homme bientôt libres de toutes les dominations, est brandi comme un nouvel horizon d'une lutte fraternelle. La salle applaudi, longuement. Je chavire.

En « artisanes » des arts et des idées, Amélie et Françoise nous offrent un moment de partage, un outil d'éducation populaire, un bijou d'humour et de poésie. Et pour moi, une leçon : il faut tenir patiemment et humblement nos positions, dire et redire nos repères et nos valeurs.

Laurent Eyraud

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