dimanche 6 juillet 2014

Du courage qu’il nous faut... du temps qu’il nous reste.



Passé la course effrénée et joyeuse du quotidien, d’un goûter d’anniversaire aux courses, d’une lessive à un repas de famille, la vie est ainsi faite qu’il faut choisir sans cesse. Est-ce la maladie du siècle de ne pas souhaiter se décider ou la dialectique de la vie qu’il faut savoir dompter ? Je trouve les montres cruelles et les agendas tout autant. 

Je ne suis que peu impliqué dans le combat que mènent les artistes et les techniciens. Leur juste lutte montre avec panache l’urgence d’un horizon d’après le salariat et la centralité pour nos vies des arts et de la culture (j’y reviendrai sans doute dans un prochain numéro.) A l’inverse de 2003, je n’ai pas organisé d’actions coup de poing ni passé des heures de discussions pour convaincre des amis. Pourtant ce combat-là est bien la suite de celui de 2003. Les choses ont pourtant changé dans le pays et les ressorts de chaque implication ont quelque chose de caché, d’intime et de pourtant bien collectif. 

J’ai tenté à ma manière de mener un combat sur le terrain que les gens appellent la “politique”. Les élections municipales m’ont passionnées. Elles mêlent l’agir en commun, la transformation du réel et la difficulté à ramener aux enjeux généraux. Cette élection et celle qui a suivi m’ont laissé dans une grande colère contre le pouvoir en place, contre ce qu’il fait de la “gauche”, une grande lassitude aussi face à nos incapacités chroniques à faire simplement mouvement. 

En filigrane, nous avons construit un spectacle autour des coopératives. Durant des semaines nous avons cherché le mot juste, l’histoire simple pour dire le quotidien dans un entreprise. Nous avons tenté de faire naître un désir, une réflexion, sans apporter de solutions clefs en mains. Nous essayons d’être de ce monde là pour oeuvrer à sa transformation, un basculement sensible vers le futur. Voilà pourquoi nous avons créé cette Coopérative, pour être avec des milliers d’autres sur un chemin. 

Et chaque jour, à chaque rencontre, dans chaque article lu, cette détresse, ce glissement : comment finir le mois ? comment organiser les études du dernier ? comment tenir avec ce patron et tenter d’avoir une retraite décente ? comment organiser les gardes ? lutter contre la maladie ? 

Et cette peste immonde, cette peur du voisin qui ne se cache plus... comment choisir ces combats ? Comment choisir ? 

Nous jouerons notre spectacle à Avignon. D’abord parce que faire grève contre nous-même n’a pas grand sens. Ce serait même un peu suicidaire pour notre petite entreprise. J’incline aussi à penser qu’il est grand temps de passer aux solutions et que notre conte d’aujourd’hui est écrit pour demain. 

Ce qui effraie Valls, Juncker, Merkel et compagnie, c’est quand nous rêvons à voix haute d’un futur sans eux. La subversion révolutionnaire n’est pas dans la révolution mais dans le but qu’elle se fixe. Il n’y a d’ailleurs pas de révolution sans but. Aujourd’hui, il faut lutter pour se défendre mais il faut aussi que nous parlions du futur. Parlons revenu universel, conquête de nouveau “communs”, gratuité, coopératives, sobriété joyeuse, démocratie active… Pour celà il faudra bien une ou deux révolutions, reprendre la main sur nos vies et nos entreprises, faire vivre dès à présent des foyers de futur, les défendre, les valoriser, les questionner… 

Les luttes de juin amènent celles de juillet et ainsi de suite...oeuvrons à les unir afin que quand demain nous choisirons nos combats, il n’y aura plus de doute : celui-ci est un bout des autres ! 

* Laurent Eyraud-Chaume.

Aucun commentaire: