samedi 14 décembre 2013

Ensemble, l'union des cachés et des invisibles ?


Les temps sont à la communication. Les lieux de créations artistiques et tous les projets qui s'y articulent n'y échappent pas. Les revues de presse semblent être devenues un gage de qualité pour toute création. Pour avoir une bonne revue de presse, il faut un attaché de presse. C'est un choix budgétaire fait souvent au détriment du budget artistique et pour les petites compagnies, c'est souvent un non-choix. Les artiste s'improvisent polyvalents et c'est encore le spectacle qui en pâtit. On communique donc quand on est gros et quand on fait le choix de la communication.

Si bien qu'il m'a fallu du temps pour découvrir tous les cachés, les invisibles. Ils n'ont souvent pas choisi de créer pour qu'on parle d'eux, ni même pour une carrière. Ils ne souhaitent pas s'enrichir sans fin, ni jouer le jeu d'une concurrence libre et faussée. Ils sont au monde, au coeur du monde. Leurs projets sont un artisanat de la relation, un bricolage d'imaginaires et de réalités. J'ai découvert au fil du temps des dizaines de projets qu'on ne trouve pas même dans les pages "Culture" de L'Huma. Je les ai découverts quand ils nous invitent à jouer nos spectacles. Je les ai découverts en lisant la revue Cassandre. Aux 4 coins de ce pays, ils réinventent l'éducation populaire, font circuler la parole, font vivre la poésie. L'art nous rassemble et nous rend uniques. La pratique artistique doit être populaire car elle est un antidote à la marchandisation de nos vies, à l'avancée de la bêtise crasse. Il n'y a pas de sujets plus urgents que de rendre à l'Homme son humaine fragilité, son identité métissé et son imaginaire poétique.

Sans même nous en rendre compte, il y a déjà une union invisible des acteurs des arts et de l'éducation populaire, de ceux qui pensent poésie et transformation du réel dans un même mouvement. Pourtant, nous restons invisibles. Les artistes sont absents des organisations politiques. Ils deviennent de simples faire valoir en période électorale. Leur combat quotidien est anthropologique. Je rêve que notre nouveau mouvement "Ensemble" rassemble dans la lumière ces travailleurs de l'ombre, animateurs de quartier, comédiens, danseurs, responsables de lieux atypiques, de maison d'éditions, de radios associatives, créateurs de tous poils et artistes amateurs.
Je rêve...et vous ?

Laurent Eyraud-Chaume
(chronique "cuisine alternative" de l'hebdo cerises http://www.cerisesenligne.fr/)

l.eyraud@wanadoo.fr


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