vendredi 15 novembre 2013

Ils disent "droitisation", nous disons "mensonges" !

Gros bonnets volant notre rouge, ville ouvrière du Var passant au brun, ministre rose glissant vers l'amalgame, insultes racistes sur garde des sceaux noire...Ce sombre arc-en-ciel brûle à cette flamme tricolore que personne n'arrive à faire taire. La fifille-à-papa passe de plateaux de télé en antennes radios et ceux qui tendent le micro semblent danser autour de ce triste brasier. Certains matins, on croirait les informations écrites pour casser en nous tout courage pour lutter. Comme une tempête permanente, les médias écrivent la chronique d'une droitisation annoncée et les responsables solfériniens semblent déterminés à réutiliser cette peur du pire pour (re-re-re-re...) plaider le vote utile... calculs risqués.

Quand tout s'accélère, l'Histoire et la mémoire peuvent servir à garder espoir. Je prends mes souvenirs à deux mains et j'essaie de ne pas perdre le fil. Je me souviens qu'il est possible d'éloigner les matins bruns, que d'autres l'ont fait avant nous. Je me souviens que c'est par l'espoir d'une révolution du partage que nos anciens ont su tenir tête à cette bête immonde. Je me souviens aussi d'avant hier, de 2005 et de 2012. Cette belle campagne présidentielle semble déjà loin et nous nous disons parfois que nous avons gâché la mayonnaise...et pourtant nous n'avons pas rêvé. Il y a un peuple de gauche.
J'en suis là de mes réflexions quand je tombe sur un débat dans L'Humanité : "Droitisation de la société ou de l’offre politique ?"(1). Vincent Tiberj, docteur en sciences politiques et maître de conférences à Sciences-Po Paris, y affirme qu'« il existe une réelle déconnexion entre les sphères de pensée des partis et la manière dont l’électorat se positionne. Globalement, sur le long terme, le phénomène de droitisation s’avère faux. » Pour lui, il y aurait un boulevard à gauche pour qui porterait un programme de gauche. Je reçois le même jour mon Regards-mensuel qui interroge le politologue Roland Cayrol (2). Il dénonce la fable de la montée du FN et affirme que « jamais dans l’histoire des sondages les Français n’ont été aussi attachés à la justice sociale. Ils sont en grande majorité révoltés par l’injustice sociale et la lutte contre les inégalités est au cœur de leurs espérances. »
Depuis je passe mes journées à raconter ces informations. L'enjeu de la maîtrise des médias par les citoyens eux-mêmes et du pluralisme de l'information est plus criant que jamais. La défense du journal de Jaurès, qui mériterait développement et refondation, est notamment une urgence civique (3).
Pour que l'arc-en-ciel de nos quotidiens retrouve de la gaieté, il faudra une lutte implacable contre la désinformation, une lutte politique pour ramener les termes du débat sur les vrais enjeux, une lutte citoyenne pour que chacun se réapproprie sa vie. Le mouvement Ensemble, qui est en train de se fonder, pourra sans doute être un bel outil au service de ces luttes à venir.

* Laurent Eyraud-Chaume

(1) "Droitisation de la société ou de l'offre politique ?"http://www.humanite.fr/politique/droitisation-de-la-societe-ou-de-l-offre-politique-552773
(2) Roland Cayrol, "Il n'y a pas de droitisation de la société française" http://www.regards.fr/web/Roland-Cayrol-Il-n-y-a-pas-de,7177

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